QUELQUES REMARQUES
É. Spiering (professeur d'école) et J-P Picandet (instituteur)
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À
l'attention de nos élèves qui auraient oublié leur manuel en classe,
nous facilitons ici une vue de secours pour la maison (volontairement
en basse résolution) de la
méthode Delile (Hatier).
Nous conseillons fermement aux familles extérieures qui s'intéressent à cette méthode d'acheter le manuel. Un écolier doit évidemment apprendre à lire sur un vrai livre et non sur un succédané.Feuilleter en ligne la méthode Delile nécessite une clé.
Demander la clé >>>>
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+ Jean et Clémentine Delile (respectivement enseignant et orthophoniste) ont mis au point une méthode d'apprentissage de la lecture, illustrée par
Anne Teuf.
Dans la première édition (1999), on voit une astucieuse mise en abyme
: en 1è de couverture un enfant assis sur le canapé du salon, il est
en train d'étudier avec sa maman la méthode Delile. En 4è de
couverture, l'enfant lit désormais seul, sans l'aide de quiconque.
L'éditeur qualifie ce manuel de "méthode
de lecture traditionnelle, illustrée, rigoureuse et motivante qui
permet à l'enfant d'entrer en douceur dans le monde de l'écrit en
découvrant le plaisir de lire."Ce livret unique
vendu à un prix modique (environ 7,50 € en librairie) est d'une prise
en main légère ; son efficacité n'est plus à prouver, au point que
rééducateurs et orthophonistes l'utilisent parfois pour recadrer un
apprentissage décousu.
À condition de respecter le rythme d'apprentissage et la capacité de travail du jeune enfant,
la
méthode peut être suivie sans risque par les parents dont l'enfant
manifeste le désir d'apprendre à lire avant son entrée au Cours
préparatoire.
À
notre avis c'est bien vers 5 ans, c'est à dire en dernière année
d'école maternelle, qu'une découverte SYLLABIQUE de la lecture devrait
démarrer (au lieu de 6 ans actuellement, et le plus souvent hélas après
une forte exposition à la démarche idéographique).
Avec
la diminution drastique des horaires annuels (plus que 142 jours de
classe actuellement) et la multiplication des domaines à enseigner que
nous imposent les programmes, deux années ne seraient certainement pas
de trop pour que, à l'issue du Cours préparatoire, 100% des élèves maîtrisent correctement le couple écriture/lecture.
+ Ce petit livre de 79 pages (dont 64 sont consacrées à l'apprentissage proprement dit) est présenté par ses auteurs comme une
méthode de lecture syllabique pour apprendre à lire pas à pas, à voix haute.
+ En début de livret se trouvent les
conseils d'utilisation,
sur deux pages. Conseils capitaux pour bien utiliser la méthode et
établir avec les élèves et leurs parents un rituel commun
d'apprentissage. Sur deux autres pages, les sons sont placés en arcs
concentriques permettant à l'élève de se repérer dans la
progression de la méthode.
+ Page 6,
on demande de retrouver le a dans les mots tels que "balle, sac,
carte, rat, table, vache, cave, valise". Chaque mot est accompagné
d'une illustration .
+ De la page 7 à la page 15, on procède de même avec les lettres i, o, e, u, é, è/ê, s, v et j
+ À partir de la page 16
(l de lapin), Les images disparaissent. Les mots à lire sont disposés
en lignes et colonnes, sur une page organisée en plusieurs secteurs :
°
Deux lignes de syllabes sur fond jaune. La première ligne combine la
consonne de la leçon du jour (en bleu) avec les voyelles déjà étudiées
(en rouge). La 2è ligne est une reprise en écriture manuscrite
monochrome.
° des mots (les lettres muettes sont grisées).
° une
phrase (avec majuscule et point) écrite en caractère d'imprimerie puis
en écriture manuscrite pour permettre une copie d'après modèle.
° des syllabes de révision, sur fond gris.
° En petits caractères, des notes et explications à l'attention des parents.
Ces premières pages doivent être étudiées TRÈS LENTEMENT, avec de fréquents retours en arrière, toujours à voix haute.
+ À compter de la page 21, même organisation mais de vraies phrases sont introduites.
Page 23 interviennent les premières liaisons signalées par un petit arc concave, comme en musique.
+ Page 30
arrive le premier son composé (oi de poisson). À ce stade (vers
décembre/janvier) l'élève a appris à déchiffrer correctement et le
passage d'une page à la suivante se fait tout naturellement.
+ À partir de la page 39,
de petites leçons d'orthographe d'usage sont régulièrement présentées
"m devant m, b, p" ; "c qui se prononce comme z devant e et i" ; etc.
+ La page 49 offre un premier véritable récit. Les élèves sont toujours enchantés de franchir ce palier.
+ Arrivé à la page 64, nous assurent les auteurs (et l'expérience confirme chaque année leur propos)
"l'enfant
a appris à lire d'une façon rigoureuse. Pour améliorer sa vitesse de
lecture et sa diction, il s'entraîne à lire à voix haute les 10 textes
qui suivent l'étude des lettres."Ces
textes sont des adaptations extraites d'œuvres de Pergaud, Pagnol,
Perrault, Hugo, Andersen, Saint-Exupéry, Rabelais, du Roman de Renart et
de la légende d'Icare).
+ En toute fin d'ouvrage,
un alphabet présente les lettres typographiques et les lettres
manuscrites, en majuscules et minuscules. Le livre s'achève sur la table
des matières.
x.x.x.x.x.x.x.x
Le manuel est complété par un cahier d'exercices de lecture et par un cahier d'écriture mais nous ne les utilisons pas dans nos classes ; en effet
pendant toute l'année du CP, nous avons choisi de doubler et renforcer Delile avec les deux livrets du SYLLABAIRE CUISSART qui est le pivot de notre méthode de lecture ET d'écriture.
Lire les "Conseils pour apprendre à lire aux enfants" de M. Cuissart >>>+ Avec les élèves qui avancent vite, il nous arrive parfois, au 3è trimestre, de travailler sur la MÉTHODE D'ORTHOGRAPHE (Hatier) qui constitue en quelque sorte la suite logique de la méthode Delile.
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Pourquoi deux supports différents pour apprendre à lire :
Cuissart et Delile
1. Individualisation.L'association
Cuissart/Delile permet de satisfaire aussi bien les très bons lecteurs
que ceux qui éprouvent de la difficulté : Les premiers trouveront
matière à nourrir leur appétit (par exemple en lisant entièrement une
page du Delile) quand dans le même temps les seconds se satisferont de
la moitié de la page à maîtriser. A partir de la leçon 20 (c'est à dire
dès que le rituel de lecture est bien installé et que les élèves ont
assimilé le fonctionnement du manuel), les leçons Delile sont
travaillées sur un rythme individuel, chaque élève avançant à sa propre
vitesse. Le maître ou la maîtresse contrôle l'avancement singulier par
une lecture à voix haute, au moins un jour sur deux et même deux fois
par jour pour les élèves qui peinent le plus. Dès qu'une page est bien
lue, le progrès constaté est aussitôt enregistré sur un cahier (type
carnet de notes). l'élève peut alors passer à la page suivante.
La
méthode Cuissart, au contraire, est toujours travaillée à cadence
commune pour toute la classe. En effet, même si une page est lue
facilement, il faudra encore être capable d'en écrire tous les mots (sur
l'ardoise pendant les premières semaines, pour partie dans le cahier
de classe ensuite) puis être aussi capable de se relire. Les exercices
de dictée succèdent au travail de copie.
2. Progressivité et rigueurLes
deux méthodes sont toutes les deux très progressives et rigoureuses.
Dans Cuissart, le 1er livret n'aborde que les sons simples. Tous les
sons déjà appris auparavant, sont systématiquement revus à chaque début
de leçon, ce qui permet aussi de s'assurer que les élèves maîtrisent
bien tous les sons déjà vus. Chez les élèves rapides, la copie/dictée de
la leçon en entier (en plusieurs fois) permet de maintenir leur
attention en éveil. Chez les plus lents, ces exercices proposés en
quantités moindres restent à leur portée. Cela permet de ne laisser
personne «à la traîne». Si quelques élèves achoppent sur un son, le
tracé ou la reconnaissance d'une lettre, alors il suffit de rester un
peu plus longtemps sur la leçon en accentuant les exercices de
lecture/copie/dictées, jusqu'à ce que tout le monde soit suffisamment à
l'aise.
Delile a été conçue par
ses auteurs pour une utilisation dès 5 ans. Dans la même démarche
(atteindre 100% de réussite dans l'apprentissage de la lecture), le
premier livret de la méthode Cuissart devrait être étudié à fond
pendant toute l'année de grande section de maternelle, puis revu
rapidement dans les 10 ou 11 premières semaines du cours préparatoire.
Celui-ci se réserverait l'acquisition des sons composés, avec le second
livret.
3. Présentation et progression de sons différentes.Cuissart
et Delile se font écho : l'ordre de succession des sons étant
différent, l'utilisation simultanée des deux méthodes permet un
brassage et une révision tout au long de l'année, tant des sons que du
vocabulaire rencontré.
La différence de présentation, la différence
de progression sont aussi une manière de confronter un même son aux
élèves, sous deux formes et à deux moments différents. Si un élève (en
particulier un élève souffrant ayant manqué quelques jours de classe)
n'a pas suffisamment profité de la première leçon, il aura
systématiquement une autre opportunité d'acquérir «le son».
4. Acquisition facilitée d'habitudes pour le repérage .Très
rassurantes pour le maître comme pour les élèves, ces deux méthodes
sont agréables à utiliser par leur extrême rigueur de progression. La
présentation toujours identique facilite le repérage, habitue les élèves
à entendre parler de lignes, de colonnes, etc.
5. Vocabulaire différent : (« classique »/moderne, avec large registre commun) (latin/grec)
Cuissart
et Delile s'enrichissent l'une l'autre : vocabulaire plus classique
dans Cuissart, vocabulaire plus actuel dans Delile. Cela permet
d'enrichir le lexique. Très vite, il est possible de parler de synonyme :
quel mot, signifie "presque la même chose que"....). Très souvent on
retrouve dans Delile, des mots du Cuissart et vice-versa. Ces termes de
vocabulaire reviennent régulièrement lors des lectures par le maître ou
la maîtresse du
Feuilleton d'Hermès (Murielle Szac - Bayard)
; les élèves les retrouvent avec plaisir et profit. Cela leur permet
de réutiliser ce vocabulaire, lorsqu'il s'agit par exemple de répondre
aux questions de compréhension posées par le maître ou la maîtresse.
6. Couplage Ecriture/Lecture pour Cuissart (possible pour Delile)Cuissart
est une méthode liant résolument écriture et lecture, tandis que
Delile semble s'appuyer sur la prééminence de la lecture, même s'il
est tout à fait possible de «Cuissartiser» cette méthode. Dès les
premières leçons, les élèves apprennent simultanément à écrire tout ce
qu'ils vont lire, et lire ce qu'ils ont écrit. Chaque jour, il leur est
demandé de lire les syllabes, les mots, les phrases qu'ils ont
eux-mêmes écrits. De plus, avec les sons connus, on peut s'essayer
rapidement à écrire des mots encore jamais rencontrés dans une leçon,
mais qui sont en lien avec la vie quotidienne ou l'environnement des
élèves. Par exemple : « le catalpa » (arbre présent dans la cour)
permet de montrer qu'un mot d'apparence difficile, ne l'est pas tant
que ça si on prend le temps d'en écouter chaque son : C'est une
occasion de montrer aux élèves qu'en prenant chaque difficulté l'une
après l'autre, on peut le plus souvent « tout seul » en venir à bout.
7. Cahier Mes Premières dictéesLe
premier livret de la méthode Cuissart est couplé avec le cahier des
premières Dictées. Ce cahier s'articule en 11 étapes (correspondant en
gros au premier trimestre) dont le parcours assure avec toute la
régularité nécessaire l'apprentissage minutieux d'un tracé archétypique
pour les 26 lettres de l'alphabet et les 10 chiffres de notre
numération. Très rapidement viennent des exercices de copie,
syllabations/épellation, dans un premier temps, puis copie, épellation,
dictées un peu plus tard. C'est un outil indispensable pour profiter
pleinement de l'efficacité de Cuissart.
8. Place importante de la lecture, de la copie et de la dictéeSi
les activités sont limitées en nombre (lecture, copie, dictée), les
compétences travaillées sont en revanche très variées (association
graphie/phonie, repérage de sons, calligraphie, association
script/cursive...). En outre, le vocabulaire riche et même foisonnant
permet des entrées vers d'autres domaines avec un constant va-et-vient
entre grammaire, géographie, histoire et les activités
d'écriture/lecture. Si les élèves passent beaucoup de temps sur les
activités d'écriture/lecture, ils n'y trouvent pas de lassitude car
celles-ci se mêlent à des moments d'apprentissage de leur langue, leur
culture, leur histoire/géographie. Ce procédé permet de brasser les
types d'activités (individuel/collectif ;
réflexion/écoute/participation). C'est un atout appréciable pour garder à
un niveau le plus élevé possible l'intérêt et l'attention des élèves.
9. ouverture vers d'autres domaines :° grammaire (masculin/ féminin, nature des mots, conjugaison...)
° histoire
° géographie
° culture
° leçons de choses
Cuissart
permet d'établir facilement un lien avec l'histoire et la géographie,
avec l'art, avec les personnages célèbres (écrivains, musiciens, hommes
d'État) ; bref, il s'agit de parler de notre culture. En outre,
certaines formulations (présence de verbes au futur, au passé simple,
mots désuets ou désignant des pratiques anciennes), permettent
d'aborder (modestement) les racines gréco-latines de notre langue ; cela
peut servir de piste pour amener les élèves de se familiariser avec
les notions de préfixes et suffixes (il ne s'agit aucunement de leur
donner à tout prix la terminologie, mais de les faire progressivement
entrer dans la logique de composition/dérivation des mots de notre
langue : exemple « parasol » dans le Delile, qui permettra de parler du
parapluie, du paratonnerre, du parachute et donc du sens de « para »
au début d'un mot).
Avec Cuissart : travailler la notion de «
mots de la même famille est simple à introduire, mais en plus, permet
d'amener un registre différent de ce que les enfants ont peut-être
l'habitude d'entendre : ex: famine, affamé, (dès que le son « f » est
connu, puis plus tard, on pourra ajouter faim (à l'oral) et
retravailler cette famille de mot en arrivant à la leçon du son « in »
(écrit « ain/aim).
Là aussi Cuissart et Delile se font écho et il
est très agréable de pouvoir s'appuyer sur l'une ou l'autre des méthodes
pour réactiver des notions, des mots déjà connus ou appris.
Un
autre exemple est le mot « mira », du verbe « mirer » (ici au passé
simple) qu'on entend dans un mot « actuel » comme « admirer »...et qui
est de la même famille que « miroir »...tout ces mots font référence à
l'action de « regarder »
Delile, par le choix des mots et leur
présentation, permet sans difficulté de faire un lien avec la grammaire
(conjugaison, ponctuation, nature des mots, premières fonctions). Grâce
aux phrases qui apparaissent rapidement dans les leçons, les élèves
peuvent travailler très tôt la lecture expressive.
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